2025 - Tour de Corse avec "Tanù"

Avec quelques ronds dans l'eau au large de Leucate, j'ai passé le reste de l'hiver 2024/2025 à optimiser mon GPB (Grand Petit Bateau).
Au programme : 
Reconstruction de l'intégralité du vaigrage de la cabine avant, fabrication d'une table en pin vernis pour le carré, mise en place d'une antenne gps dédiée à la vhf pour faire fonctionner le récepteur AIS et l'ASN et installation d'un solide portique inox avec fixation du panneau photovoltaïque sur des charnières orientables.

Le 05 juin je prends la mer à destination du cap d'Agde sous un vent d'Est Sud Est qui nous pousse tranquillement pour une arrivée dans la soirée. 
Le 06 juin, journée voile et moteur à direction de Port Gardian. Arrivée dans la nuit. 
Le 07 juin destination Bandol pour me mettre à l'abri du coup de mistral annoncé. 
Le 10 juin appareillage à midi en direction des Iles d'Or. 
Vers 15h00 un semi-rigide de la Marine Nationale vient à ma rencontre. Le pilote de l'embarcation me demande de me dérouter en direction de la renardière afin d'éviter la zone de tirs d'entraînement en mer.
A 16h00, un message sur le 16 m'informe de la fin de l’exercice, je reprends ma route en direction de Porquerolles et mouille Tanû dans le sable de l'anse de Bon Renaud en début de soirée. 
Le 13 juin, appareillage au moteur dans une brume épaisse pour le port du Lavandou.
Une fenêtre météo de 3 jours est favorable pour une traversée à destination de l'Ile de beauté dès le lendemain. 

                                     Le 14 juin à 05h00 cap au 107, moteur plus GV, la mer est plate et le vent nul.
Un groupe de dauphins vient me rendre visite quelques instants comme pour saluer notre départ.
A 13h00 Tanû touche enfin un vent de travers qui nous permet de progresser. 
A 20h00, la houle pousse le bateau. J'installe l'asymétrique qui restera en place quelques heures. 
Le soleil décline à l'horizon dans sa couleur orangé et la nuit s'installe. 
La lune gibeuse décroissante éclaire la route de mon GPB.
Les étoiles scintillent dans la voie lactée traversée par la course des satellites et des avions de ligne.
Dans le sillage de Tanû les remous allument le plancton d'un vert fluorescent tel des lampions qui tourbillonnent et disparaissent quasi-instantanément. 
Je profite pleinement de l'instant à bord et en parfaite communion avec les éléments. 
J'installe mon duvet à l'extérieur afin de profiter du spectacle. 
Je programme mon réveil à intervalle régulier pour effectuer une veille surface.
Je m'impose également l'inscription quotidienne d'un point toutes les heures sur le journal de bord.
Plusieurs fois dans la nuit l'alarme AIS me signale des cibles à proximité du bateau. 
Notamment un catamaran qui fait route collision dans mon 180 à moins d'un demi nautique.
Les contacts vhf restent sans réponse. 
J'ouvre ma route d'une quarantaine de degrés tout en agitant un projecteur dans sa direction. 
Pas de réaction significative.  Le bateau passe sur mon arrière tribord à une centaine de mètres.
La nuit se passe sans encombre au rythme du clapotis des vagues sur la carène. 
Au lever du jour, Tanû trace sa route dans une légère brume.

Vers 08h00, la Corse se découvre doucement, les pics montagneux sortent des nuages. 
A 11h00 nous doublons la Pointe de la Revellata sous GV seule. 
La citadelle de Calvi dévoile ses formes sur son piton rocheux.

Après 113 nautiques, 30 heures dont 10 au moteur, nous nous posons dans le port de Calvi.

 

                                 Le 19 juin direction Ajaccio avec une escale au mouillage dans l'anse de Chiuni. 
Je me régale d'effectuer les manoeuvres d’appareillage et de mouillage sous voiles quand la zone de dégagement ne présente pas de danger. 
Un petit retour aux fondamentaux ne fait pas de mal et permet d'être en pleine confiance si le moteur devient inopérant. 
Je n'irais pas jusqu'à mettre en place une dame de nage et un aviron mais j'avoue y avoir pensé. 
Le 20 juin, je laisse la Pointe de la Parata sur bâbord en début d'après -midi et profite des allures portantes jusqu'au port de Ajaccio Tino Rossi. 
Le 21 juin flânerie dans les rues d'Ajaccio sur fond de chants polyphoniques en cette fête de la musique. 
Le 23 juin je quitte le port Ajaccien et me dirige une nouvelle fois dans l'anse de Chiuni. 
Le 24 juin nous passons les Caps Rossu et Senino pour rejoindre l'anse de Girolata. 
Escale toujours appréciée. Le meuglement des vaches en bord de plage est déroutant.
La quiétude du lieu est plus que sympathique.

Le 26 juin je continue ma route vers le nord. 
A la hauteur du cap Mursetta je passe la barre mythique des 1000 miles nautiques avec Tanû. 
Je choisis un Mouillage derrière la Revellata dans l'anse de Punta di l'Oscelluccia South pour la nuit.
Le 27 juin Tanû est à l'ancre dans le sable blanc de la baie de Loto.

L'équipage d'un motor-yacht d'une soixantaine de mètre et mouillé à un demi nautique environ débarque sur la plage avec 2 annexes surmotorisées.
Le personnel nettoie une trentaine de mètres de sable en linéaire sur 10 m de large, installe un barnum avec tables, chaises et buffet garni ainsi qu'un terrain de volley et une sono.
Le propriétaire et ses convives sont accueillis en grande pompe par un personnel aux petits soins pendant quelques heures avant de rejoindre leur unité. 
Hormis un peu de pollution sonore aucun déchet n'a été oublié sur la plage.  
Le 28 juin, escale au Port de Saint Florent pour 2 jours.
Visite de la ville et de son marché nocturne. L'avantage de Tanû est son encombrement minimum qui m'a value une place de choix juste à côté du ponton d'honneur au cœur du port et non loin du bloc sanitaire. 

                                                         Le 01 juillet, escale devant le port de Centuri. 
Mise à l'eau de l'annexe pour une petite balade dans le port de pêche et dégustation des pâtes aux langoustes. 
Le 02 juillet une forte houle d'ouest m'oblige à appareiller dans l'urgence avec l'annexe à la traîne. 
Tout en naviguant, je la monte sur le portique et la sangle fermement.
C'est une première que je répéterai plusieurs fois en navigation côtière. 
Le passage du Cap Corse est réalisé sous voile et moteur pour une arrivée sereine dans la magnifique Baie de Tamarone.
Le 03 juillet, je fais escale pour avitaillement à Bastia Port Toga avant la descente sur la côte orientale. 
Le 04 juillet nous arrivons au port de Taverna. 
C'est la deuxième fois que je viens ici.
En 2017, j'ai participé au convoyage de "Didgeridoo" un Boudignon de 9m en bois de 1969.
Un magnifique souvenir de 2 semaines de cabotage sur l'arc méditerranéen.
Didgeridoo est toujours présent dans le port. J'ai rencontré un de ses heureux nouveaux propriétaires.
Le 06 juillet, appareillage pour Solenzara.
Le vent forci dans l'après-midi et la mer devient blanche.
Tanû marche à plus de 5 nds au grand largue avec 1/4 de genois et à sec de grand-voile. 
Le baromètre est tombé à 1005 hpa.
Je profite de cette escale pour marcher et bricoler un peu.
Je fais la connaissance d'un couple et de leur 2 garçons de 11 ans.
Ils rentrent d'un voyage d'un an en Méditerranée à bord d'un first 26 où le vieux moteur in-board a été remplacé par un hors-bord de 6 chevaux. 
Pas de panneaux photovoltaiques et une batterie qu'ils chargent de temps à autre dans les ports.
Le 10 juillet nous rejoignons le Golfe de Pinarellu. 
Le 11 juillet, le Golfe de Rondinara nous accueille pour quelques jours.  Le faible tirant d'eau permet à Tanû d'avoir une place de choix dans le nord-est du plan d'eau et d'être quasiment protégé de tous les secteurs. 
Le puit du hors-bord devient un aquarium naturel pour les poissons qui attendent quelques miettes de mon repas.

                        Le 13 juillet un dauphin s'aventure dans la baie au milieu des bateaux et repart vers le large. 
Le 14 juillet nous arrivons pour midi au port de Bonifacio.
Je me régale d'une navigation sous GV seule aux pieds des falaises de calcaire.
L'agitation touristique contraste avec la quiétude des derniers jours. 
En ce jour de fête nationale, la citadelle est illuminée aux couleurs de notre drapeau. 
Le 18 juillet atterrissage dans la magnifique anse d'Arbitru. 
Le 19 juillet à l'ancre au large de la plage de Portigliolo. 
Les fichiers GRIB météo annoncent 30 nds de vent d'Est en rafale à l'exception de Météo Consult qui prévoit 57 nds pour la journée du 20.
Dans le doute, je prépare le 2ème mouillage et déplace Tanû de quelques mètres vers le nord au cas où je devrais partir en fuite afin d'éviter les rochers qui se trouvent dans l'axe du vent.
Le relevé de vitesse réelle maximale enregistrée au plus fort de la prévision est de 20 nds en surface avec mon anémomètre manuel. 
Le 21 juillet direction les bouées de mouillage de Porto Polo.
Le 23 juillet direction les îles sanguinaires et mouillage dessous la Pointe de la Parata

Le 24 juillet retour au port d'Ajaccio Tino Rossi.

 

Le 30 juillet après quelques jours à terre je quitte le ponton à 8h00 avec pour destination les îles de Porquerolles. 
Les prévisions météo font état d'un résiduel de houle d'ouest accompagné d'un vent d'ouest sud-ouest.
Vers 13h30 je croise une tortue qui prend tranquillement le soleil.  Ma présence ne l'a absolument pas perturbé.
A 17h00 le vent bascule de 180 degrés. 
A 20h50, le soleil tombe dans la mer en nous gratifiant d'un superbe rayon vert.
Je suis fasciné par ce joyau que nous offre mère nature.
Le 31 juillet je stoppe Tanû à 18h15 dans la baie Alycastre.
Les six dernières heures ont été très éprouvantes. 
La progression dans une mer formée avec de fortes rafales de vent et les 35 heures de navigation ont eu raison de ma petite personne. 
J'installe la boule de mouillage en mâture et allume mon feu visible tout horizon avant d'aller rejoindre ma chère bannette. 
Le 04 août au matin je me dirige vers la plage du Jonquet bien abrité du vent d'Est derrière le Cap Sicié afin d'y passer la nuit.
Le 05 août je fais halte dans la baie de la vierge à la Ciotat avant de faire escale le 06 août au Port nouveau.
Le 07 août le pic du Bec de l'aigle salue notre départ matinal.
Je fais route direct à destination de Port Leucate distant de 120 nautiques. 
Dans la nuit, un chalutier me demande de faire cap au 180 afin de ne pas le gêner dans sa manœuvre de traict. 
Le 08 août à 15h40 je suis dans la passe du chenal de port Leucate.

Toujours aussi difficile que le retour au Port base. 

64 jours et 955 nautiques nous séparent du départ.

Amitiés Marines ...

 

                                                                                                                            Benoit RAGUENET "TANÛ" Biloup 77 NV        

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Commentaires: 2
  • #1

    Dom (dimanche, 02 novembre 2025 00:35)

    Bravo mon vieux Ben.
    Bises

  • #2

    QUINSARD (mercredi, 05 novembre 2025 17:18)

    Slt. Chapeau p le navigateur. Super parcours pour rejoindre et visiter la corse. Ca me rappelle mon temps de GA a calvi. D'autres périples aussi en bécane. Que du bonheur.
    Tres bel exposé et des photos superbes. Bien amicalement. Nono